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Les Etats membres du CERN s'apprêtent à prendre une décision sur le grand collisionneur de hadrons en juin 1994

Genève, le 15 avril 1994. Le Conseil du CERN1, au sein duquel les représentants des 19 Etats membres de l'Organisation statuent sur les programmes scientifiques et les ressources financières, a tenu sa 99e session le 15 avril sous la présidence du professeur Hubert Curien (France).

Le Conseil vote à une écrasante majorité une résolution en faveur du LHC

Les délégués au Conseil ont adopté à une écrasante majorité - 18 voix pour, une abstention - la résolution suivante relative au grand collisionneur de hadrons (LHC) et au programme scientifique à long terme du CERN.

Le Conseil:

  • confirmant sa conviction, exprimée dans sa résolution de décembre 1991, que le LHC est la machine qui convient pour la physique des particules et pour le CERN;
  • impressionné par les arguments scientifiques et par l'utilisation économique, dans le projet LHC, d'investissements réalisés précédemment au CERN;
  • prend note de la stratégie globale du CERN proposée pour les années 1995-2005 et appuie la Direction pour promouvoir le LHC comme élément central du programme à long terme du CERN;
  • souhaite que le LHC soit réalisé dans le cadre du programme de base du Laboratoire et souhaite également que le projet et son financement soient approuvés par consensus général;
  • est conscient de l'intérêt que suscite le projet dans le monde et s'en réjouit, souhaite que des physiciens d'Etats non-membres participent au projet, étant entendu que l'utilisation à grande échelle des installations du CERN doit s'accompagner d'un apport de ressources au projet de la part des Etats non-membres intéressés, et appuie le projet de créer un statut approprié pour la participation d'Etats non-membres apportant des contributions appréciables;
  • prend note de l'existence d'une gamme souple d'options en matière de financement, le cas échéant sur la base de ce qui est attendu actuellement en matière de contributions supplémentaires, y compris des options qui permettraient de réaliser le LHC sans ces contributions;
  • fait sienne la proposition d'un examen approfondi de l'évolution du projet à une date appropriée et en tout cas avant la fin de 1997, en vue de définir avec plus de précision le calendrier de sa réalisation compte tenu du financement envisagé;
  • exprime sa meilleure intention de s'acheminer vers une décision sur le LHC au cours du premier semestre de 1994.

Essai réussi d'un aimant LHC de 10m

Une étape importante du développement des aimants a été franchie avec les essais réussis au CERN, le 14 avril, du premier prototype d'aimant de courbure de 10 mètres de longueur pour le grand collisionneur de hadrons (LHC), essais au cours desquels l'aimant a atteint une induction de 8,67 teslas (T). Pour que, dans le LHC, les protons atteignent l'énergie de collision de 14 TeV, les électroaimants supraconducteurs de haute technologie doivent produire une induction de 8,65 teslas (T) dans les deux voies de passage du faisceau lorsque les enroulements supraconducteurs sont à la température de 1,8K (-271,2û C).

Le prototype d'aimant soumis aux essais a été fabriqué en Italie et est le fruit de la collaboration entre le CERN et l'Institut italien de physique nucléaire (INFN). Il fait partie d'une série de sept prototypes conçus au CERN et en cours de fabrication dans des entreprises européennes. Lors des essais, l'aimant, placé dans son cryostat à hélium superfluide, a atteint l'induction nominale de 8,65 T du LHC à la première tentative, sans aucune "accommodation", l'optimisation du positionnement des bobines supraconductrices à l'intérieur de l'aimant. La première "transition" ou perte de supraconductivité des bobines due à des micromouvements des c‰bles en niobium-titane, s'est produite à 8,67T. L'induction a ensuite été portée à 8,73T et l'aimant a fonctionné à cette valeur pendant 15 minutes sans subir de nouvelles transitions.

Ce résultat remarquable confirme le bien-fondé de la conception des aimants et la capacité de l'industrie européenne de relever le défi de la construction du LHC.

1. Le CERN, Laboratoire européen pour la physique des particules, a son siège à Genève. Ses Etats membres sont les suivants: Allemagne, Autriche, Belgique, Danemark, Espagne, Finlande, France, Grèce, Hongrie, Italie, Norvège, Pays- Bas, Pologne, Portugal, la République slovaque, la République tchèque, Royaume-Uni, Suède et Suisse. La Fédération de Russie, Israël, la Turquie, la Yougoslavie (le statut d'observateur est suspendu après l'embargo de l'ONU, juin 1992), la Commission des Communautés européennes et l'UNESCO ont le statut d'observateur.