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Installation au CERN d'un superordinateur européen

Genève, le 25 août 1994. Un nouvel ordinateur parallèle évolutif basé sur la technologie haute performance européenne HPC a été installé au Centre de calcul du CERN1. L'initiative de soutenir le développement de cet ordinateur d'un nouveau style a été prise dans le cadre du programme Esprit (programme stratégique européen de recherche et développement sur la technologie de l'information) de l'Union européenne (EU). Le CERN coordonne le projet appelé GPMIMD2 (polyvalent instructions multiples données multiples II) et y joue le rôle principal. C'est la première fois que le CERN est le pivot et le coordonnateur d'un projet Esprit de plusieurs millions d'écus, ce qui illustre le resserrement des liens EU - CERN.

C'est aussi la première fois en trente ans qu'un ordinateur conçu en Europe est le plus puissant du Centre de calcul du CERN, ce qui montre que la technologie européenne peut rivaliser avec les meilleurs aux Etats-Unis et au Japon.

Le traitement parallèle massif (MPP) est la nouvelle orientation de la technologie des superordinateurs: de nombreux processeurs élémentaires (jusqu'à 1000), utilisant souvent la même technologie que les postes de travail individuels, sont étroitement couplés pour fournir des vitesses et des capacités de calcul égales et même supérieures à celles des traditionnels superordinateurs à grande unité centrale. Le démarrage de ce nouvel ordinateur au CERN est un pas en avant vers le développement dans l'environnement scientifique européen d'une culture et d'un savoir-faire en informatique haute performance, il contribuera à renforcer la confiance des utilisateurs dans le marché informatique MPP européen naissant, un secteur potentiellement stratégique.

L'ordinateur parallèle installé au CERN dans le cadre de ce projet est un CS-2 à 32 noeuds produit par la compagnie britannique de Bristol Meiko Limited en collaboration avec deux grands fournisseurs européens de superordinateurs, Parsys (Royaume-Uni) et Telmat (F). Il s'agit de la machine de loin la plus importante de ce genre installée en Europe. Elle utilise la technologie RISC Supersparc couplée à un réseau d'interconnexions haute performance (50 Mo/s) et brève latence (< 10 µs) mis au point par Meiko dans le cadre d'autres projets Esprit.

Cet ordinateur est utilisé au CERN pour des applications de pointe en physique des hautes énergies. Son potentiel a déjà été démontré dans la simulation d'événements de physique pour l'expérience NA48. Cette expérience de haute précision devrait commencer à saisir des données à la fin de 1995, elle sondera le mystère tenace du subtil mépris de la nature pour l'invariance sous CP, combinant l'interversion particuleÐantiparticule et la réflexion (miroir). Dans le passé, de nombreuses journées de traitement étaient nécessaires pour engendrer les volumes statistiques que l'on peut maintenant produire presque en temps réel. Le CS-2 fournit déjà d'excellents résultats: la simulation en moyenne de 100 000 événements de physique par heure/processeur, atteignant ainsi l'objectif originel de produire 16 millions d'événements par nuit.

Dans le cadre de la même initiative de l'EU sur les superordinateurs, un second ordinateur à traitement parallèle massif équipé d'unités vectorielles puissantes sera installé au CERFACS (Centre européen de recherche et formation avancée en calcul scientifique) dans le sud de la France. Cet ordinateur servira à traiter les énormes quantités de données qu'il faut analyser pour effectuer des prévisions météorologiques et climatiques précises.

1. Le CERN, Laboratoire européen pour la physique des particules, a son siège à Genève. Ses Etats membres sont les suivants: Allemagne, Autriche, Belgique, Danemark, Espagne, Finlande, France, Grèce, Hongrie, Italie, Norvège, Pays-Bas, Pologne, Portugal, la République slovaque, la République tchèque, Royaume-Uni, Suède et Suisse. La Fédération de Russie, Isra‘l, la Turquie, la Yougoslavie (le statut d'observateur est suspendu après l'embargo de l'ONU, juin 1992), la Commission des Communautés européennes et l'UNESCO ont le statut d'observateur.