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Le Japon devient observateur au CERN

Genève, le 23 juin 1995. Le Conseil du CERN1, au sein duquel les représentants des 19 Etats membres de l'Organisation décident des programmes scientifiques et des ressources financières, a tenu sa cent deuxième session le 23 juin sous la présidence du professeur Hubert Curien (F).

Le Japon est admis en tant qu'observateur

Une délégation japonaise, conduite par M. Kaoru Yosano, ministre japonais du Monbusho (ministère de l'éducation, de la science et de la culture), a été chaleureusement applaudie par les délégués des Etats membres du CERN lorsqu'elle a pénétré pour la première fois dans la salle du Conseil en tant qu'observateur officiel. M. Yosano a remercié le Conseil du CERN d'avoir accepté à l'unanimité d'accorder au Japon le statut officiel d'Observateur ainsi que l'offre du Japon de contribuer au projet de grand collisionneur de hadrons (LHC) en déclarant: "Je suis convaincu que le statut d'observateur qui vient d'être accordé au Japon, ainsi que sa contribution au projet LHC, serviront à resserrer les liens de coopération entre les communautés scientifiques japonaise et européennes. Je ne doute pas que ce projet ouvrira de nouvelles perspectives à la physique des particules et renforcera les efforts internationaux conjoints en vue de poser les premiers jalons dans ces domaines inexplorés."

Le Japon est le premier pays non européen à être admis en tant qu'observateur au Conseil du CERN, ce qui souligne la mondialisation croissante de la recherche en physique des hautes énergies. Le statut d'observateur ouvre le droit à des Etats non-membres d'assister aux sessions du Conseil et de recevoir les documents y afférents, mais pas de prendre part au processus de décisions de l'Organisation. C'est un précieux outil de relations internationales qui permet au CERN d'entretenir des contacts officiels avec certains Etats ou organisations internationales pour lesquels l'adhésion n'est pas, ou pas encore, possible. Cinq Etats jouissent actuellement du statut d'observateur au CERN: la Fédération de Russie, Israël, le Japon, la Turquie et la Yougoslavie, dont le statut est actuellement suspendu en application de la décision des Nations unies et de l'Union européenne.

Le professeur Ch.  Llewellyn Smith, Directeur général du CERN, a remercié le ministre Yosano pour la contribution du Gouvernement japonais qui s'élève à 5 milliards de yens (~68 millions de francs suisses) et servira à améliorer et accélérer la construction du LHC. Il a évoqué la longue et fructueuse collaboration entre les physiciens du CERN et du Japon et rendu hommage à ce pays pour le niveau élevé des recherches en physique qui y sont menées. Il a remercié le ministre Yosano de s'être déplacé personnellement pour cette réunion, en soulignant que le CERN comme le Japon tireront profit du renforcement des liens qui découlera du nouveau statut d'observateur. Le professeur Llewellyn Smith a déclaré: "Je suis enchanté de célébrer deux événements: le statut d'observateur du Japon et la généreuse contribution au LHC, qui sont des étapes marquantes pour le LHC, les relations entre le CERN et le Japon et la coopération scientifique interrégionale."

 

Progrès des négociations avec des Etats non-membres

Lors de l'approbation du LHC en décembre 1994, la Direction du CERN a été encouragée par le Conseil a examiner la possibilité de contributions d'Etats non-membres au LHC. Le Directeur général a brièvement présenté l'état d'avancement des discussions avec des pays autres que le Japon. Le Gouvernement canadien a annoncé que le Canada versera une contribution en nature au LHC par l'intermédiaire du Laboratoire TRIUMF à Vancouver, mais aucune discussion n'a encore eu lieu avec le CERN à ce sujet. La base d'un accord avec l'Inde a été acceptée par le Comité du Conseil et un protocole devrait être signé avant la fin de l'année. Israël contribue déjà au CERN et le protocole pertinent est en cours de révision avant son renouvellement. La base d'un accord avec la Russie a été acceptée par le Comité du Conseil et un protocole régissant une contribution de la Russie au LHC est actuellement en discussion avec le Gouvernement russe. Des discussions ont commencé avec le ministère de l'énergie des Etats-Unis d'Amérique mais elles ont été ralenties par des incertitudes budgétaires; une nouvelle réunion entre la Direction du CERN et des responsables du DOE aura lieu fin août.

 

Statut d' Associés pour des Etats non européens

Le Conseil a examiné la proposition de créer un statut d'Associés pour des Etats non européens désireux de participer, et contribuer notablement, à une ou des activités du CERN. La proposition - révisée compte tenu des observations des délégués au Conseil - sera soumise au Conseil pour approbation en décembre 1995.

Le besoin d'un nouveau statut découle du caractère mondial de plus en plus marqué de la recherche en physique des particules en général, et du rôle du CERN en particulier. La communauté des utilisateurs scientifiques du CERN comprend déjà la moitié des expérimentateurs en physique des particules dans le monde, dont environ 30% venant d'Etats non-membres du CERN. Ce chiffre est en augmentation et 45% des signataires des propositions techniques pour les deux grandes expériences avec le LHC, ATLAS et CMS, sont basés hors des Etats membres.

Il est juste de demander aux Etats non-membres dont les physiciens utiliseront largement le LHC, pendant une longue période, de contribuer au projet. Ces chercheurs devraient participer non seulement aux expériences mais aussi à l'ensemble du projet, c'est-à-dire jouer un rôle dans la construction de l'accélérateur et faire entendre leurs voix lors de l'élaboration des décisions de principe concernant le projet. Le statut d'Associés offrira aux Etats non européens qui apporteront des contributions appréciables au LHC (ou à d'autres grandes activités du CERN) la possibilité de participer dans un cadre institutionnel, avec les Etats membres, à la détermination de la politique générale concernant le projet.

Au cours de la discussion, les délégués au Conseil ont exprimé l'avis que la création du statut d'Associés serait un important pas en avant officialisant le fait que le CERN est déjà un laboratoire mondial. Toutefois, l'élaboration de ce nouveau cadre historique requerra attention et prudence.

 

Contenu du statut d'Associés

Le Directeur général a décrit les premières propositions relatives au cadre du statut de membre associé.

  • Participation de droit à l'activité ou aux activités précisée(s) dans l'accord.
  • Participation aux sessions du Conseil avec droit de s'exprimer sur toute question en rapport avec l'activité ou les activités précisée(s).
  • Participation aux réunions du Comité du Conseil pour les parties consacrées à l'examen de l'activité ou des activités précisée(s), avec droit de contribuer à la discussion. Des sessions de ce genre seraient prévues au moins deux fois par an.
  • Participation de délégués scientifiques au SPC pour des parties spécifiées des réunions, avec l'accord du Président.
  • Participation au programme des boursiers du CERN et possibilité offerte aux nationaux de l'Etat associé de se porter candidats à des postes de durée limitée, si et comme précisé dans l'accord.
  • Une participation industrielle pourrait être négociée avec les Etats versant d'importantes contributions en espèces.
  • Aspects juridiques - la participation aux activités du CERN serait assujettie aux règles de l'Organisation. Au cas où l'Etat associé manquerait à ses obligations, le Conseil pourrait mettre fin au statut d'Associé, avec un préavis d'un an. Les différends et litiges seraient réglés par voie d'arbitrage international.

 

Activités scientifiques du CERN 1996 - 1999

Le Directeur général a donné un résumé approfondi des activités scientifiques du CERN pour les années 1996 à 1999. Il a mentionné l'excellent travail accompli en physique nucléaire avec le séparateur d'isotopes en ligne ISOLDE et il a attiré l'attention sur la future expérience avec un faisceau radioactif (REX - ISOLDE). L'anneau d'antiprotons de basse énergie LEAR a produit plusieurs résultats de physique passionnants, en particulier la preuve de l'existence de boules de glu, c'est-à-dire de particules composées de gluons. Des pressions ont été exercées pour que le programme LEAR soit prolongé d'un an au-delà de la date prévue pour la fermeture de cette machine à la fin de 1996, mais la Commission de la recherche a malheureusement jugé que les importantes ressources que cela nécessiterait ne le permettraient pas. Le professeur Llewellyn Smith a souligné l'importance des expériences actuelles NOMAD et CHORUS sur le neutrino. On espère que leurs résultats permettront de prouver que les neutrinos ont une masse et apporteront ainsi une possible réponse au plus grand mystère de la cosmologie, celui de la masse manquante de l'Univers. Le nouveau programme avec les ions lourds est maintenant en route. Ces expériences ont pour rôle d'examiner les conditions créées par la projection d'ions lourds de haute énergie sur des noyaux au repos. On pense que les températures et les densités extrêmes produites créeront un état de la matière, le plasma quark-gluon, qui n'existait que dans les tout premiers instants de notre Univers. Le Directeur général a décrit le programme de transformation de l'accélérateur LEP. En octobre 1995 aura lieu une période d'expérimentation à 140 GeV et le programme LEP2 pour la production de paires de bosons W commencera à la fin de 1996. Le professeur Llewellyn Smith a déclaré qu'il existe maintenant de très bons arguments scientifiques en faveur d'une nouvelle et modeste transformation du LEP. On examinera ses possibilités de réalisation pour déterminer si elle pourrait être intégrée au programme du CERN sans influer sur le calendrier de la construction du LHC.

 

Nominations de personnel supérieur

Maintenant que le LHC a été approuvé et que sa construction commence, le Conseil a décidé de créer une Division LHC à compter du 1er janvier 1996. La Division LHC se concentrera sur les activités centrales en rapport avec la construction de la machine, c'est-à-dire celles qui concernent les aimants supraconducteurs, la cryogénie et le vide, ainsi que les activités d'appui.

Le Conseil a nommé:
M. J.-P. Gourber (F) chef de la Division LHC pour une période de trois ans à compter du 1er janvier 1996.
M. B. Angerth (S) chef de la Division PE pour une période de trois ans à compter du 1er janvier 1996.

Le Conseil a reconduit dans leurs fonctions:
M. J. Ferguson (GB) en qualité de chef de la Division AS pour une période de trois ans à compter du 1er juillet 1995.
M. A.J. Naudi (CH/GB) en qualité de chef de la Division FI pour une période de trois ans à compter du 1er juillet 1995.

Elections

Le professeur J. Niederle (République tchèque) a été élu Vice-Président du Conseil pour une période d'un an à compter du 1er juillet 1995.

Le professeur G. Bellettini (I) a été réélu membre du Comité des directives scientifiques pour une période de trois ans.

1. Le CERN, Laboratoire européen pour la physique des particules, a son siège à Genève. Ses Etats membres sont les suivants: Allemagne, Autriche, Belgique, Danemark, Espagne, Finlande, France, Grèce, Hongrie, Italie, Norvège, Pays-Bas, Pologne, Portugal, la République slovaque, la République tchèque, Royaume-Uni, Suède et Suisse. La Fédération de Russie, Israël, le Japon, la Turquie, la Yougoslavie (le statut d'observateur est suspendu après l'embargo de l'ONU, juin 1992), la Commission des Communautés européennes et l'UNESCO ont le statut d'observateur.