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Un ministre britannique inaugure au CERN les journées WWW

Genève, le 12 juillet 1995. Le ministre de la science du Royaume-Uni, David Hunt, a ouvert le 8 mars les "Journées du World-Wide Web", une conférence destinée à donner aux journalistes, éducateurs et experts en communication une introduction pratique à ce nouveau moyen de télécommunications révolutionnaire. Citant l'invention du Web au CERN1 comme la dernière en date d'une longue série de retombées inattendues, le ministre a vanté le rôle vital joué par la recherche fondamentale: "En travaillant aux limites extrêmes de la technologie actuelle", a-t-il déclaré, "le CERN et d'autres laboratoires de recherche fondamentale contribuent à défricher le terrain technologique et sèment les graines de ce qui deviendra une production courante dans l'avenir."

Le ministre a aussi profité de l'occasion pour raccorder cinq écoles secondaires britanniques au Web. Ces écoles, toutes situées dans sa circonscription de la région de Wirral, sont devenues, avec l'aide de l'Université de Liverpool, les premières du Royaume-Uni à rejoindre la communauté mondiale des utilisateurs du Web, qui connaît une expansion fulgurante. Saluant cette innovation comme "une autre grande première du CERN", M. Hunt a terminé son allocution en passant en revue les pages du Web consacrées à ces écoles. C'est ainsi que les participants ont pu voir sur un écran d'ordinateur, à mesure qu'il feuilletait ces pages en cliquant avec la souris, des informations sur les écoles et des photos d'élèves de Liverpool au travail dans leurs classes. "Qui eût imaginé il y a dix ans que la recherche en physique des particules conduirait à un système de communication permettant à chaque école de disposer de la plus grande bibliothèque du monde dans un seul ordinateur?" a demandé le ministre, relevant que "C'est effectivement ce qui s'est produit avec l'invention et le développement du World-Wide Web au CERN."

Le World-Wide Web a été conçu initialement pour permettre aux physiciens d'accéder facilement à leurs données où qu'ils se trouvent dans le monde. Son inventeur, l'Anglais Tim Berners-Lee, a mélangé deux ingrédients existants pour créer quelque chose de tout à fait extraordinaire. La base de la recette est l'Internet, le réseau des réseaux, vieux de 20 ans, auquel Berners-Lee a ajouté l'hypertexte. L'hypertexte permet de relier des éléments d'information apparentés dans un ordinateur. L'utilisateur voit sur l'écran un mot ou groupe de mots mis en évidence et clique dessus pour appeler d'autres informations. Le World-Wide Web donne à cette idée de base une extension planétaire et a transformé l'Internet, qui n'était au départ qu'un outil réservé aux universitaires et aux "fanas" d'informatique, en un vaste réservoir d'informations dans lequel chacun peut puiser. En 1994, le Web a connu un développement stupéfiant de 350 000% et s'est rapidement imposé comme le plus grand service interactif sur l'Internet.

Les cinq écoles pionnières du Merseyside qui se sont connectées au Web ont ouvert à leurs élèves les portes de la plus grande bibliothèque du monde. Déjà, plus de 10 000 ordinateurs contiennent des informations que les utilisateurs du Web peuvent consulter en cliquant simplement avec la souris et ce nombre croît de jour en jour. Le Web permet aussi aux écoles de communiquer avec d'autres utilisateurs de l'Internet et de disséminer des informations sur elles-mêmes aux millions d'utilisateurs qui pourraient s'y intéresser. Les écoles raccordées au WWW sont de plus en plus nombreuses et les projets éducatifs sur Web n'ont pour seule limite que l'imagination.

Plus de deux cents journalistes et experts en communication de toute l'Europe se sont retrouvés au CERN pour les Journées du World-Wide Web. La première journée a été consacrée aux questions pratiques, avec des exposés portant aussi bien sur un aperçu général du Web, présenté par un de ses pionniers, Robert Cailliau, que sur le coût du raccordement. Des membres d'une expérience du CERN, d'une chaîne de télévision néerlandaise, d'une société suisse de haute technologie et d'un journal irlandais ont décrit les avantages qu'ils ont retirés d'un raccordement au Web. Pendant toute la durée de la conférence, des postes de travail étaient disponibles pour des démonstrations pratiques sous la conduite enthousiaste d'élèves d'une école locale. Le 9 mars, ce sont les considérations sociales et juridiques qui ont retenu l'attention. Qui contrôle l'Internet? Comment censurer des informations indésirables? Quel avenir pour le Web?

Dernier point, et non des moindres, les participants ont eu la possibilité de visiter le laboratoire où le Web a été inventé. Au moment où le CERN délaisse le développement du Web pour s'attacher à sa mission première, il est utile de rappeler que c'est la vigueur dynamique de la physique fondamentale qui l'a fait naître ici.

Notes à l'intention des rédacteurs:

Les cinq écoles du Merseyside sont: Calday Grange Grammar School (garçons), Hilbre High School, Pensby High School (garçons), Pensby High School (filles) et West Kirby Grammar School (filles). Pour ceux qui sont raccordés au Web, leur adresse est la suivante: http:/ /www.liv.ac.uk/Merseyside/Schools.html

Le développement de base du Web est transféré du CERN à l'Institut national de la recherche en informatique et en automatique, INRIA, (France) et au Massachusetts Institute of Technology, MIT, (USA). Ces organismes assureront le perfectionnement et fixeront les normes mondiales.

1. Le CERN, Laboratoire européen pour la physique des particules, a son siège à Genève. Ses Etats membres sont les suivants: Allemagne, Autriche, Belgique, Danemark, Espagne, Finlande, France, Grèce, Hongrie, Italie, Norvège, Pays-Bas, Pologne, Portugal, la République slovaque, la République tchèque, Royaume-Uni, Suède et Suisse. La Fédération de Russie, Israël, la Turquie, la Yougoslavie (le statut d'observateur est suspendu après l'embargo de l'ONU, juin 1992), la Commission des Communautés européennes et l'UNESCO ont le statut d'observateur.